La lente réintégration des années 1920
La fin de la guerre n’apaise pas la fracture qui existe entre les scientifiques français et allemands. Marcel Brillouin, par exemple, refuse de renouer avec les Allemands. Sa rancœur s’étend même à certains savants des pays neutres (Pays-Bas et Suisse). Pour lui, une réunion internationale comme celles qui ont eu lieu avant la guerre est désormais impossible.
A contrario, pour Hendrik Lorentz, il est impensable d’ignorer les avancées allemandes en physique et de les exclure indéfiniment des conseils. À ses yeux, l’Institut international de physique Solvay doit être un moteur dans la science d’après-guerre. Aussi, en sa qualité de président du Comité scientifique et de ressortissant d’un pays neutre, s’emploie-t-il à jouer un rôle de médiateur entre les deux camps. Ménageant la chèvre et le chou, trouvant une oreille favorable auprès de Solvay, il parvient à éviter la dissolution de l’Institut de physique.
L’exclusion des scientifiques des anciennes Puissances Centrales n’aura aucun caractère formel et ne sera que temporaire. Elle durera jusqu’en 1927, à l’exception d’Albert Einstein, invité en 1921 et d’Erwin Schrödinger en 1924. Elle prendra fin à la suite des accords de Locarno en octobre 1925 et l’adhésion de l’Allemagne à la Société des Nations l’année suivante. ↠