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The Solvay Science Project

La rupture de la Grande Guerre

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« Manifeste signé par 93 Savants allemands aux Nations civilisées : les réponses », Paris, Imprimerie Descamps, 1915 »

La Première Guerre mondiale est une période de rupture entre les scientifiques des différents pays. La Belgique est envahie et occupée par l’Allemagne. Le viol de la neutralité belge et les nombreuses exactions que l’armée allemande y commet, comme la destruction de la bibliothèque de Louvain en août 1914, provoquent un véritable choc.

L’absence de condamnation de ces crimes par l’intelligentsia allemande est vivement ressentie. La publication du Manifeste des 93 en octobre 1914 accentue encore les divergences entre les deux camps : 93 intellectuels et scientifiques allemands – dont certains prix Nobel et membres du Comité scientifique de l’Institut de physique Solvay – y réfutent toutes les accusations adressées à l’armée allemande et déclarent leur solidarité à celle-ci.

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Lettre de Paul Héger à Hendrik Lorentz protestant contre le manifeste des 93, le 2 novembre 1914.

Le manifeste entraine des réponses des intellectuels britanniques et français rejetant la responsabilité de la guerre sur l’Allemagne et condamnant les crimes commis en Belgique. À Berlin, circule même un contre-manifeste pacifiste signé par quelques scientifiques dont Einstein. Dans les pays neutres, un projet de pétition appelant à la paix et à la réconciliation soutenu par Lorentz fait chou blanc et rencontre même de fortes critiques de Brillouin et du physicien allemand Woldemar Voigt. L’idéal internationaliste a vécu.

Les scientifiques des deux camps sont aussi mobilisés pour la guerre. Quand ils ne sont pas envoyés sur le front, ils participent directement à l’effort de guerre, comme le chimiste allemand Fritz Haber qui prend une part active dans l’élaboration des premiers gaz de combat léthaux.

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Lettre de Georges Chavanne à Émile Tassel, 31 décembre 1919

George Chavanne rappelle que ce sont des chimistes industriels qui ont permis à la Société chimique de Belgique de jouer un rôle dans l’industrie pendant la guerre et ce grâce à l’Insitut international de chimie Solvay et à Ernest Solvay.

Malgré ses effets néfastes sur la coopération internationale, la guerre ne signifie pas pour autant l’arrêt de la recherche scientifique. C’est même tout le contraire en ce qui concerne la chimie. Comme en témoigne la correspondance entre Georges Chavanne (professeur à l’ULB) et Emile Tassel (alors représentant d’Ernest Solvay au sein de la Commission administrative de l’Institut de Chimie Solvay), cette période a permis l’avancée dans le domaine de chimie théorique et industrielle.