Des débuts peu accessibles
Lorsque débutent les premiers conseils Solvay, les études supérieures et les carrières scientifiques sont encore peu accessibles aux femmes.
Si la plupart des interdictions juridiques sont levées dans la seconde moitié du XIXème siècle, les préjugés et les obstacles restent encore nombreux. En Belgique, malgré la loi de 1890 ouvrant tous les grades académiques aux femmes, il faut attendre l’Entre-deux-guerres pour voir les premières enseignantes universitaires, avec Madeleine Dwelshauvers (professeure de droit à l’ULB à partir de 1929) et Lucia de Brouckère (en chimie, en 1930). Au reste, l’accès aux diplômes et à des postes d’enseignement ne place pas les femmes automatiquement sur un pied d’égalité vis-à-vis de leurs collègues masculins, y compris au sein des conseils Solvay.
Yoanna Alexiou, « Lucia de Brouckère », Printemps des Sciences 2017, 23 mars 2017
Aussi la participation des femmes aux conseils Solvay fait-elle au début figure d’exception. Jusqu’en 1933, Marie Curie est la seule femme présente aux conseils de physique. Elle sera rejointe cette année-là par Lise Meitner et sa fille Irène Joliot-Curie. En Chimie, elles ne font leur apparition qu’en 1928, avec Lucia De Brouckère.
Leur présence dans les premières réunions est d’ailleurs parfois mal vue par une partie de l’opinion publique. À l’occasion du premier conseil de physique, la presse conservatrice et d’extrême droite se répand en invectives xénophobes et antiféministes contre Marie Curie, qui entretient une relation adultère avec Paul Langevin. ↠