Des recherches subsidiées aux Prix Nobel
Les subsides des Instituts Solvay permettent de soutenir des travaux prometteurs menés par des individus ou des laboratoires qui en font la demande. Ils viennent aussi soutenir des recherches expérimentales sur des thématiques abordées lors des conseils comme la théorie moléculaire, le rayonnement thermique, les rayons X ou la théorie des quantas. C'est par exemple le cas de Robert Descamps, qui reçoit des financements de l'Institut International de Chimie pour le développement de son polarimètre. Ils lui permettent d'élaborer un procédé d’étude de la dispersion rotatoire (ordinaire ou magnétique) dans l’ultraviolet.
Documents sur le polarimètre
À certains égards, les subsides revêtent parfois d’un caractère exceptionnel, voir politique. Le premier subside accordé par l’Institut de physique, d’un montant de 8.000 francs belges, est ainsi accordé à un groupe de physiciens russes en difficultés menés par Piotr Lebedev. Contraints de démissionner de l’université de Moscou pour leur opposition à la politique du gouvernement tsariste en matière d’éducation et de recherches, ces derniers ont recréé un laboratoire à Moscou pour poursuivre leurs travaux. Mais le laboratoire manque cruellement de moyens pour fonctionner. D’où leur demande de subsides. Ceux-ci seront octroyés à Piotr Lazarev, successeur de Lebedev décédé inopinément.
Citons également William Lawrence Bragg qui obtient un subside de 1250 francs belges en 1914 et le prix Nobel de physique l’année suivante, James Franck et Gustav Hertz (colauréats du prix Nobel de physique de 1925) dont les recherches sur l’ionisation des atomes et le libre parcours des électrons dans le gaz sont financées à hauteur de 2.000 francs belges par l’Institut de physique Solvay, Charles Barkla (prix Nobel de physique de 1917) et Johannes Stark (prix Nobel de physique de 1919) qui reçoivent 6000 francs belges de subsides. Mentionnons aussi le malheureux Henry Moseley, récipiendaire d’un subside de 1000 francs belges et dont les recherches prometteuses sur la spectroscopie des rayons X ne seront jamais couronnées par un prix Nobel. Moseley se faisant tué sur le front de Gallipoli en 1915.
Le programme de subsides sera suspendu au lendemain de la Première Guerre mondiale en raison de la dépréciation du franc belge. Seuls quelques projets d’un intérêt exceptionnel seront subsidiés, par exemple les recherches de Ladislas Marton sur le microscope électronique. Il reçoit 12.000 francs belges en 1933 et 18.000 francs belges en 1937 pour améliorer le microscope électronique créé en 1932 grâce aux travaux de Louis de Broglie et d’Ernst Ruska et utiliser celui-ci en biologie afin d’obtenir des agrandissements d’éléments organiques. ↠