Solvay fonde aussi un Institut de Chimie international
En 1911, alors que les préparatifs du premier conseil de physique battent leur plein, Ernest Solvay est contacté par Wilhelm Oswald, avec une proposition intéressante : fonder un institut international de chimie. Chimiste de renom, fondateur de la chimie physique, Ostwald vient de créer une Association internationale des Sociétés Chimiques (AISC), rassemblant les diverses sociétés chimiques nationales.
L’AISC a de grandes ambitions: uniformiser la chimie internationale et faire un inventaire universel de la littérature propre à chaque secteur de la discipline. Mais l’AIC manque cruellement de moyens. Elle n’a ni locaux, ni argent. C’est dans ce but, et aussi parce qu’il sait que la création d’un institut international permettra le développement de la chimie en général, qu’Oswald a pris contact avec Solvay.
La démarche d’Oswald rencontre une oreille favorable. En réalité, Solvay a déjà envisagé la question en 1910, quand son assistant Octave Dony-Hénault lui en a soufflé l’idée. Pour l’heure cependant, les priorités de l’industriel sont à l’organisation du conseil de physique. Le projet d’institut attendra.
Fin 1911-début 1912, Solvay fait étudier la proposition d’Oswald par Hendrik Lorentz. Celle-ci apparaît peu satisfaisante. Solvay veut un institut qui puisse financer des recherches, à l’image de l’Institut de physique, et non un organisme de standardisation des pratiques et de bibliographie. Or pour Ostwald, la question de la subvention des chercheurs est moins pertinente en chimie. La discipline comptant déjà nombre d’organismes de soutien, de laboratoires et donc d’opportunités pour les scientifiques.
Les mois suivants se passent en négociations sur ce que doit être le futur institut, jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé en mai 1913. Un Institut international de Chimie est créé avec Bruxelles pour siège. Albin Haller, président de l’AISC, est nommé président de l’Institut. Ce dernier n’a pas de comité scientifique, mais un bureau permanent composé des membres de l’AISC.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, ce bureau cèdera toutefois sa place au comité scientifique. L’institut dispose par contre d’une commission administrative dès le départ. Des subsides et des bourses d’études sont prévus pour la recherche. Il doit enfin organiser des réunions internationales de chimistes, comme pour les physiciens. Le premier conseil de chimie n’aura lieu qu’en 1922, à cause de la Première Guerre mondiale. ↠